Avant la course
Au programme du week-end pour les 36 équipages engagés dans le Trophée Phil Hill, 3 heures et 20 minutes de piste... il n’en fallait pas plus pour nous convaincre de réviser complètement le moteur. C’est déjà un miracle que ce dernier soit parvenu à terminer deux éditions avec un bloc fendu, en 2008 et en 2009.
Séance d’essais à Arnos
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La plus grosse intervention fût donc la greffe d’un nouveau bloc. Nous avons ensuite procédé à un petit test à l’effort sur le circuit de Pau-Arnos pour vérifier l’état de santé de la Triumph.
Dominique et Jean Michel
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Il n’a fallu que quelques tours pour mettre en évidence un problème de refroidissement, conséquence d’une perte importante de liquide par le trop plein du radiateur. Le tarage insuffisant du bouchon semble à l’origine de ce dysfonctionnement, mais dans le doute, tout le circuit est révisé, de la pompe au bouchon en passant par le radiateur.
Les essais
Comme le veut la tradition, la pluie s’est invitée samedi matin pour la séance d’essais libre : que du bonheur, surtout pour les pilotes qui découvrent ce circuit, déjà peu adapté aux écarts de conduite sur piste sèche ! Piloter une TR4 dans les rues de Pau, en cabriolet, entre les rails, sans pneus pluie, sous la flotte, c’est un peu comme manœuvrer un navire sous les bourrasques : à l’approche du pont Oscar, on met la barre à bâbord, et on croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de marée noire sur la zone de freinage, huile qui serait synonyme de naufrage !
Grand Prix de Pau Historique 2011 - Essais libres Trophée Phil Hill Christophe Cazala - Casino
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Au terme des 40 minutes d’essais, la TR4 n°44 est créditée du 27ième chrono ! Le soleil fait une brève apparition pour les essais qualificatifs : le manque de puissance de la Triumph devient alors plus évident, mais on parvient tout de même à maintenir la Porsche 356 n°28 à deux dixièmes de seconde. La Jowett Jupiter et la Porsche 356 n°70 complétent la grille de départ. A deux tours de la fin, la voiture fait une nouvelle poussée de fièvre et termine la séance d’essais qualificatifs en roue libre...
La course 1
Heure : 8h00 Pilotes : Christophe/Stéphane (relais) Température : 14°C Temps : ensoleillé | Le premier relais raconté par Christophe
Grand Prix de Pau Historique 2011 - Christophe Cazala à la sortie du Lycée Crédit photo : Hervé Margolles
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« Le beau temps est enfin au rendez-vous dimanche matin pour la première course. Lorsque je m’élance sur la piste pour le tour de formation, le soleil, encore un peu bas dans le ciel palois, est franchement aveuglant dans la montée du pont Oscar. Pendant ce premier relais, je ménage la voiture, et j’essaye de maintenir à bonne distance la Porsche n°28 qui reste en embuscade derrière moi. Les premiers incidents de courses ne tardent pas... dès le dixième tour, la Morgan n°53 s’immobilise entre l’épingle de Beaumont et la chicane de Poeymirau, roue avant gauche arrachée. Le drapeau noir est présenté à la Porsche Devin Spider, mais son pilote semble l’ignorer. Il sera mis hors course lors du changement de pilote.
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Moteur cassé pour la Jewett Jupiter
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La Jewett Jupiter, qui améliore considérablement ses chronos à l’approche de la demi-heure de course, est elle aussi contrainte à l’abandon, moteur cassé. J’ai beau lever le pied dans le secteur 3 pour refroidir le moteur, le témoin de température d’eau se promène toujours dans la zone rouge. Je m’arrête aux stands à la mi-course pour céder le volant à mon frère. La Porsche n°28 s’arrête au même moment, mais son arrêt s’éternise. Stéphane ressort avec une trentaine de secondes d’avance... »
Le deuxième relais raconté par Stéphane « C’était donc à mon tour de me mettre au volant de la TR4 et je me préparais dans les stands avec pour objectif de voir le damier au bout des 30 minutes qui suivaient. Mon père, Jean-Michel Cazala, et Jean-Michel Faustin me confirmaient que la voiture qui précédait était une Porsche grise et que la Porsche aux couleurs Gulf était toujours derrière mon frère.
Grand Prix de Pau Historique 2011 - Stéphane Cazala au freinage du pont Oscar Crédit photo : Hervé Margolles
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A la 30ème minute, je voyais donc rentrer dans les stands la TR4 numéro 44 sans anomalie particulière. Mon frère, en m’attachant, m’informait des pièges divers qui jalonnaient la piste et me confirmait les problèmes de chauffe moteur. Il me fallait donc ménager la mécanique pour être au départ l’après-midi. Je rejoignais l’asphalte béarnaise 6 ans après ma dernière participation en 2005 au volant de la même TR4.
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Stéphane Cazala Trophée Phil Hill - Pau Historique 2011
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1er tour sans encombre sauf une petite surprise lorsque je découvrais, stationnée dans la descente sur Poeymirau, une Morgan sur le vibreur gauche dans le virage après l’épingle. Celle-ci n’était plus signalée par les drapeaux des commissaires car ils n’agitent les drapeaux que sur 3 tours. Au fil du temps j’améliorais mes chronos avec une remontée sur une Lotus Elite grise. Je n’avais pas connaissance de sa position donc je me mettais à sa chasse.Tandis que la Porsche Gulf profitait du passage des bolides qui me mettaient un tour pour me passer dans Beaumont, je prenais conscience peu de temps après, à la Gare, qu’il s’en tenait à peu de chose pour aller rendre visite aux rails. En effet , les drapeaux jaunes étaient agités à la Gare car une AC Cobra venait de chatouiller les rails assez fortement et était immobilisée perpendiculairement à la route... (Malgré mes dispositions, je dois avouer avoir signer mon meilleur chrono du week-end dans le dernier tour de cette course !) Quelques minutes plus tard survenait, sans que je m’y attende, le fameux drapeau à damier qui venait sceller la réussite de notre première course du week-end. Commençait alors un ultime tour sous les applaudissements et la salutation marquée des commissaires. Je savourais ces instants de plaisir tout en sachant qu’il restait la moitié du chemin à faire sur la route des week-ends réussis dans la cité béarnaise... »
La course 2
Heure : 15h30 Pilotes : Stéphane/Christophe (relais) Température : 24°C Temps : ensoleillé |
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Photo de famille
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Le deuxième relais raconté par Christophe« Quand je m’installe dans le baquet à la mi-course, mon premier réflexe est d’interroger le manomètre de la température d’eau. L’aiguille n’est plus dans le rouge, mais, ce qui m’inquiète un peu... c’est qu’à cet instant précis, elle est carrément passé au-delà de la zone critique ! Je n’avais aucun doute à ce sujet, mais Stéphane me le confirme tout de même à travers le casque : çà chauffe... Dès mon retour sur la piste, je me fais rattraper par des concurrents plus rapides. Tandis que les commissaires me présentent le drapeau bleu, je m’écarte de la trajectoire pour laisser passer... mais lorsque j’aperçois la Porsche aux couleurs Gulf dans le rétroviseur au milieu du groupe, il est déjà trop tard pour l’empêcher de me doubler. Un peu contrarié par la manœuvre, je n’ai plus qu’un objectif en tête, lui rendre la politesse.
Je tente un premier freinage au virage de la gare, sans succès... A chaque tour, la Porsche me distance dans la ligne droite et dans la montée du pont Oscar, mais je parviens à refaire mon retard dans le dernier secteur, plus technique. A l’entrée du parc Beaumont, je laisse passer Killian KONIG, très rapide au volant se son Alfa 1600 GTA. Juste devant, le pilote de la Porsche lève le pied et s’écarte à son tour à Foch... sans aucune hésitation, j’emboite le pas de l’Alfa Roméo qui plonge à gauche : la tentative n’échappe pas à l’Espagnol qui essaye de refermer la porte sur moi, mais conscient que je n’aurais pas d’autre occasion pour passer, j’insiste et je monte sur le trottoir juste avant le virage gauche qui redescend vers Poeymirau. Je ne veux rien lâcher, et je parviens à faufiler le capot de la TR4 entre la Porsche et le rail. Le plus dur est fait ! Idéalement placé sur la trajectoire, je prends petit à petit l’ascendant sur la Porsche, qui résiste côté extérieur de la piste, en vain... je passe devant ! A ce moment précis, j’ignore si le moteur chauffe comme moi dans la combinaison, mais cela n’a plus d’importance. Et tandis que mes bottines pataugent dans l’huile qui s’échappe du tunnel, le directeur de course me signale le dernier tour lorsque je franchis la pitlane.
Grand Prix de Pau Historique 2011 - Trophée Phil Hill Dernier tour de la 2ième course - Virage du Lycée
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Je dois tout faire pour conserver ma position ! A la sortie du virage de la gare, la Porsche est derrière moi, mais je sais qu’elle va revenir à ma hauteur dans la montée. Aussi, je reste à gauche de la piste pour conserver l’avantage au virage du Pont Oscar. Avant le freinage, la Porsche à pris un léger avantage et elle tente de me doubler par l’extérieur... elle n’y parvient pas. Elle essaye avant le virage du lycée, mais c’est peine perdue... le TR4 reste devant, jusqu’au drapeau damier !
La Triumph à l’arrivée de la deuxième course
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Passé la ligne d’arrivée, je le laisse revenir à ma hauteur pour échanger un petit signe amical, et je savoure mon bonheur, durant le tour d’honneur. Je remercie les commissaires, qui ont été formidables tout au long du week-end. Je salue également le public, venu en nombre cette année : les applaudissements me vont droit au cœur ! »
Dans le paddock
Le team aux couleurs du Yatch Club de Pau Stéphane Cazala, Stéphane Dheygers (président du YCP), Christophe et Jean-Michel Cazala
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Oliver Koch - Lotus Elite n°33 Photo : Hugues Mallet
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Les vidéos
Les liens
Image Auto Le site incontournable des passionnées de voitures de collection du Sud-Ouest. Pierre Vieuille (Blog) La galerie d’un photographe amateur Le site du Yesterday Racing L’autre équipe paloise engagée ce week-end, avec une Spitfire. M6 Turbo Émission du 22 mai, consacrée au Grand Prix de Pau Historique.
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